Ca s'est passé la semaine dernière au Théâtre de la Ville à Paris. Pina Bausch avait repris le spectacle Bandoneon, vieux de 26 ans, et présenté à Paris pour la première fois en 1983. Evidemment, c'était complet.

Lorsqu'elle a fondé sa compagnie sous le nom de Tanzheater Wuppertal, la chorégraphe allemande avait une rage contre la danse classique qui transparait fortement dans ces spectacles du début des années 80 tels que Nelken, ou, en l'occurrence Bandoneon. De mon point de vue, elle voulait raconter les histoires de ces danseurs, et pas le Lac des Cygnes, faire entrer la réalité dans la danse. Dans Bandoneon, les "sketchs" prennent presque le pas sur la danse, qui n'apparaît que par moment. Le spectacle n'en est pas moins brillamment construit sur le thème de la violence de l'apprentissage, mêlant décor avec photo de boxeurs, et récits de professeurs de danse classique martyrisants. Le tango (en musique, et en élément chorégraphique), est une autre illustration de rigidité et de violence...

Les trois heures de spectacles ne se racontent pas sur quelques lignes de blog. Ce qui se raconte par contre, c'est l'accueil du public. Celui-ci se révolte, n'ayant pas eu son Pina Bausch habituel... certains huent à l'entracte, d'autres attendent la fin de l'entracte pour vérifier que ça ne va changer, et partent en faisant claquer leur siège 5 minutes après le début de la deuxième partie. GV s'enorgueillissait d'accueillir Pina Bausch 3 semaines tous les ans... je crois que son public, habitué à voir la même chose tous les ans, peut s'enorgueillir d'être le seul à l'avoir huée depuis 20 ans! C'est bien dommage, parce ça gênait ceux qui aimait... mais bon, c'est pas grave. C'est quand même génial de pouvoir voir les oeuvres de jeunesse de Pina Bausch, et ne pas s'enliser dans ses évocations de voyages récentes, aussi sympa soient-elles. Je crois d'ailleurs que je préfère les premières...