Présenté cette semaine au centre Pompidou, la pièce "Who's Afraid of Representation?", de et avec Rabih Mroueh, avec aussi Lina Saneh, scénographié par Samar Maakaron. Le spectacle fait le lien entre trois histoire différentes : le Body Art sous ses formes les plus violentes Chris Burden, Orlan, pour les exemples que je connais le mieux), les évènements dramatiques au Liban depuis la fin des années 60 jusqu'en 1996, et un fait divers libanais qui se déroula en 1996 au Liban, au cours duquel un employé ouvra le feu sur plusieurs de ses collègues.

Comme les précédentes oeuvres de Rabih Mroueh, elle ne laisse pas le spectateur in différents. Les récits des performances gores de body art mettent le spectateur sur ses nerfs, tandis que les liens (plus ou moins incongrus) avec des évènements du Liban titillent son imagination. Le récit de la tuerie de 1996 ouvre la question cruciale de la performance : ne pas confondre amnistie et amnésie? En amnistiant les personnes qui ont participé à une guerre de plus de 15 ans, le Liban peut-il oublier pour autant tout ce qui s'est passé? Comment chaque libanais digèrera-t-il ce qu'il a vécu?

Outre les questionnements sur la guerre, ce spectacle m'a renvoyé au souvenir de ce fait divers, d'avoir vu les photos des victimes en première page du journal, et d'avoir eu une discussion avec ma mère sur le jugement expéditif du forcené. amnistie ou peine de mort, il me semble qu'au Liban on cherche toujours le meilleur moyen de mettre les choses derrière soi... de leur tourner le dos. Tiens, je me rends compte que j'ai oublié de parler de la scènographie: je n'ai pas dit que l'actrice tourne le dos au public tandis que son image de face est projetée sur un écran qui la cache...