Une histoire d'amour et de sang comme on aime à l'opéra, une héroïne tragique. C'est une sorte de Katia Kabanova, coincée dans une maison entre belle famille et mari impuissant, qui profite de l'absence de celui-ci pour faire un écart. A la différence de Katia Kabanova, ici ce n'est pas une belle-mère, mais un beau père. Ce n'est pas en tchèque, mais en russe. Et surtout, si Katia Kabanova est presque une sainte, Katerina Ismailova, elle, est une parfaite salope.

L'opéra s'appelle donc Lady Macbeth de Mzensk, et c'est donné en ce moment à l'opéra Bastille, avec la voix incroyable, de Eva-Maria Westbroek qui remplit la salle, sur sa prestation en tant qu'actrice, et sur un orchestre en forme pour une partition de Chostakovitch très changeante, tantôt flirtant avec le comique, et tantôt avec le pathos, pleine d'émotion, de mouvements différents. La mise en scène souligne la structure spéciale de l'opéra, très centré sur les personnages aux deux premiers actes (solo et duos), jusqu'à la découverte des meurtres, et reposant beaucoup sur les coeurs dans les deux derniers. Le décor en palissades de bois, encadrant invaraiablement la scène dans tous les tableaux et aussi une idées de génie par les différentes interprétations qu'il peut prendre suivant le contexte de l'histoire, tout en restant le même enclos.

Pour une fois donc, les gens applaudissent très fort, tout le monde, et Bastille est complet pour un opéra du 20ème siècle. Tant mieux. Nous on a passé une très bonne soirée, tour à tour effarés, émus, tristes, ou ébahis. On a envie d'écouter plus Chostakovitch. et aussi Eva-Maria Westbroek. Des conseils?