Un peu parce que je n'écris jamais grand chose de très profond sur le spectacle, un peu parce que les spectacles récents de Ms. Bausch sont prévisibles, un peu aussi parce qu'elle a retrouvé les faveurs de Rosita Boisseau, après un article très critique en juin dernier, j'étais persuadé d'avoir raison sur toute la ligne dans mon précédent billet. Et je suis resté sur cette impression durant la première partie du spectacle, pleine d'esprit, mais sans trop de cohésion. J'ai commencé à prendre en grippe les sketchs qui tombent à plat, comme celui où une danseuse affirme qu'elle adore faire la roue... En revanche, j'ai apprécié cette image des danseurs donnant leur nom au public, en leur demandant de ne pas l'oublier.

C'est la seule image de la première partie qui sert à la magnifique deuxième. C'est dans cette partie que j'ai oublié d'avoir raison ou pas, d'aimer ou pas tel chose, pour me laisser porter par le flux des danses. Des images fugaces entre draps et vent, de ces danseurs qui ont peur que l'oubli les emporte. Une gestuelle plus épurée pour la plupart, rappelant les longs gestes de bras de Café Müller plutôt que les productions récentes. Quelques innovations aussi, plutôt côté masculin, avec le superbe solo d'Andrey Berezin, toujours en parfait gentleman dans la posture et le costume, mais qui se lâche en mélangeant une gestuelle d'automates et ceux d'un homme sur le point de tomber. Cette troupe resserrée du Tanztheater Wuppertal livre avec cette deuxième partie de Sweet Mambo la meilleure nouvelle production de Pina Bausch présentée à Paris, et mérite donc qu'on l'écoute et qu'on n'oublie pas le nom de chacun:
Regina Advento, en solo félin sur Cry me a River
Daphnis Kokkinos en robe transparente se plaignant de la pointure de ses chaussures
Clémentine Deluy, laissant ses longs cheveux sautiller
Michael Strecker
Nazareth Panadero en Groucho Marx
Helena Pikon
Aida Vainieri
Julie Anne Stanzak
Andrey Berenzin pour le solo cité plus haut, pour ce gentleman qui fait penser à Barachnikov dans sa posture même quand il glisse sa main sur la poitrine de sa partenaire
et Julie Shanahan parce qu'elle vole presque la vedette à tout le monde, parce que son solo, tournoyant dans le vent a pu durer 2 minutes ou 15 je n'en saurait rien, c'était hypnotique!