Il ne faut pas trop laisser traîner les évènements, parce qu'on finit toujours par bloguer sur autre chose. Comme je n'étais pas très inspiré après avoir chanté la Marseillaise mieux que mon chéri (je tiens à le préciser) à ma cérémonie de naturalisation, je suis parti en vacances, dans mon (autre) pays, avec ma carte d'identité toute fraîche, sans avoir fait faire un passeport, ni rédigé un billet de blog. Le retour en France, nous le verrons ci-dessous, me fourni donc une occasion qui éclipsera cette cérémonie où pendant deux minutes j'ai failli croire que les jolis mots de bienvenue que la préfecture de Police nous a dits.

Donc, après un vol sans grand encombre, dans le confort d'une classe affaire (vive les miles!) entre Paris et Beyrouth, avec une voisine avec qui j'ai gardé une certaine distance glaciale, mais non hostile, en lisant moi Libé et elle le Figaro (et en me disant que décidément son sac Vuitton était vraiment affreux), j'arrive à CDG frais et pimpant, et anxieux de retrouver mon chéri. La queue au contrôle de l'immigration a un air familier, mais j'arrive quand même a faire courir une rumeur de jour de grève. Facile: sur le 30 postes disponibles seuls 3 sont activés. Je prends machinalement la queue des "autres passeports" craignant me faire refouler avec mon passeport libanais à celle des passeports français/UE, puisque je n'ai pas encore le mien. Je me console en voyant deux files similaires, mais l'une avance plus rapidement que l'autre... Tant pis.

Au bout de 10 minutes d'attentes, je me rend compte que c'était moins pénible que prévu et j'arrive devant le guichet et tend passeport et carte d"identité. L'officier, une jeune blonde que nous appelleront miss PAF pour plus de facilité, me lance ce que j'ai pensé être une gentille exclamation "mais c'est bien vous sur les deux photos?". Je réponds tranquillement "eh oui, il y a presque dix ans entre les deux photos". pensez vous, ça fait 7 ans que je voyage avec ça et une carte de séjour et ce passeport sans problème. Les photos ont évolué avec moi, même si sur le visage, les 10 kilos que j'ai pris ne se voient pas tant que ça.

eh bien j'ai sous-estimé la suspicion de Miss PAF, qui a mobilisé 3 collègues, au grand dam des quelques 200 personnes qui attendaient derrière moi, pour vérifié l'authenticité des photos. A coup de "Enlevez vos lunettes, on enlève toujours ses lunettes pour un contrôle d'identité". Je précise que ce sont des lunettes de vue, et que je dois avoir 5 degrés de correction dans chaque oeil, ce qui rend très peu agréable la situation, avec une file que j'imagine s'allonger derrière moi.

Au bout de 15 minutes, je passe enfin la douane. En 12 ans d'aller-retour entre la France et le Liban, ça ne m'était jamais arrivé. En 15 minutes, la PAF par l'intermédiaire de Miss PAF et ses deux collègues, m'ont rappelé à tout qu'il y aura toujours des gens pour qui je ne serai pas assez Français, et que ces gens là sont payés par mes impôts, et ceux de mes compatriotes de ce pays-ci.

Liberté (mais pas trop) - Egalité (à peu près) - Fraternité (si ça veut encore dire quelque chose)

le film de diffusé pendant la cérémonie est ici. y'a pas de raison qu'on soit quelques privilégiés à le subir.