La danse contemporaine n'est plus aussi subversive que sa réputation. En moins d'une semaine nous avons vu un spectacle qui se termine avec des vidéos de fleurs qui s'ouvrent pendant 5 interminables minutes, et un autre avec des danseurs qui avaient des gants en forme de lapins, et qui faisaient bouger des poneys...

Vu comme ça, c'est un peu caricatural, du coup, j'avais demandé à m-a de faire la critique sur Masurca Fogo (Pina Bausch, 1998), puisqu'il a réussi à affirmer "quelles fleurs? j'ai rien vu!" en sortant. Mais bon, ça traine un peu. si ça vous a manqué, la critique d'un Pina Bausch de cette saison, prière de lui adresser les plaintes sur twitter @mabparis

Reste le Black Swan de Gilles Jobin. J'ai beaucoup aimé tous les spectacles que j'ai vus de ce chorégraphe, qui est un de mes préférés. Les quatre spectacles que j'avais vus étaient, chacun à sa manière un tableau sur le corps et la relation à l'autre: Under Construction, sur un dynamique de groupe, avec des danseurs en mouvements les uns par rapport aux autres. Steak House, sur une relation par rapport aux objets, et sur le marquage de son territoire, Double deux, sur la dynamique du couple, et Text to Speech sur la relation par rapport au monde virtuel des actualités... Bon je résume un peu vite, mais c'était simplement pour illustrer que 2, 3 ou 5 ans après, certains de ses spectacles restent accrochés comme un souvenir assez visuel, synthétique, une danse abstraite sur laquelle le spectateur greffe réflection et sentiment. Une sorte de Anne Teresa de Keersmaeker moins romantique.

Sur les poneys et les lapins, j'ai plus de mal: si je reconnais un pastiche du signe à un moment, si je trouve la scène avec les longues barres très belles, j'ai du mal quatre jours après, à trouver dans l'ensemble du spectacle un élément pour m'y raccrocher. Comme si la séquence de différentes scènes avait manqué de liant. Le solo du début m'a gonflé, mais le solo suivant m'a ému. Et puis?

Nul n'est infaillible, et puis surtout, nul ne doit plaire systématiquement, mais j'étais sorti déçu, et en hâte de voir un prochain spectacle, encore différent du même chorégraphe. Gilles Jobin est plus rare que d'autres, alors quand on est déçu, on est d'autant plus impatient de voir le prochain!