Maintenant que les esprits se sont calmés, et que l'article dithyrambique du Monde n'est sans doute plus en ligne, je peux parler plus librement, sans la crainte de frustrer ceux qui n'ont pas eu de place. La semaine dernière j'ai assisté à l'une des représentations de The Fairy Queen (Purcell), à l'Opéra Comique... Une de ses représentations auxquelle Le Monde prédit qu'elle resteront dans les annales à côtés de la fameuse réhabilitation de Lully, sous la baguette de William Christie également, toujours à l'Opéra Comique, quelque part vers la fin des années 80 (1987 je crois, si je me souviens bien de l'article). A la seule différence que Purcell n'a aucunement besoin d'être réhabilité.

En revanche, cette œuvre que je connaissais surtout par une de ses plus belles arias, usée et réusée par Pina Bausch dans Café Müller. Mais il y a bien plus que ça dans les près de quatre heures (avec un seul entracte!). Il y a sutout un côté un peu halluciné d'une œuvre déjantée, à l'instar d'Alice aux pays des merveilles, ou autres oeuvres développées sous hallucinogènes, catégorie qui n'exclut peut-être pas A Mid Summer Night's Dream qui a inspiré le livret. L'oeuvre part dans tous les sens, avec des récitatifs et des arias qui ont parfois peu à voir les uns avec les seconds, un peu à la manières des ballets romantiques de la fin du XIXème ou après quelques pas de groupes qui racontent une "histoire", une série de pas de deux, de trois, et de solos sans grande justification.

Sur ce point le programme est très éclairant, mais comme il coûte le prix d'un billet au théâtre de la ville, je m'abstiendrai de le comparer aux conneries qu'on distribue là bas. Donc, ce programme explique que l'œuvre est rarement jouée, et lorsqu'elle l'est c'est souvent sans récitatifs ou en coupant la moitié. Le choix a été de tout gardé et d'y rajouter un peu de Shakespeare pour faire apparaître le fil conducteur de l'histoire des deux couples d'amants. C'est donc l'esprit de l'œuvre qui est respecté dans ces présentation, et la mise en scène y introduit quelques bonnes idées esthétiques, et quelques références à l'humour anglais qui remette l'œuvre dans une lignée de traditions anglaises entre Shakespeare donc, et les Monthy Python, en passant par Benny Hill (ou est-ce l'inverse, j'ai la flemme de wikipédier). Et dans cet exercice d'accumulation de gags pas forcément fins et de quiproquo cousus de fils blanc, tenir 4 heures est une réelle performance, mais quand on est aidé par une magnifique partition de Purcell, avec William Christie à la baguette, et un ensemble de chanteur (donc l'interprète de la fameuse plainte) très honorables... c'est l'équilibre trouvé entre tout ça qui est magique. Un spectacle qui respecte tous ses éléments.

Bon, après de là à prédire l'avenir et les souvenirs, je laisse le monde dithyramber...