Je n'étais pas vraiment fan du travail de Robyn Orlin suite aux deux oeuvres que j'avais pu voir d'elle dans le passé, mais comme mon copain avait bien aimé ça, j'ai décidé de miser sur sa pièce historique en prenant mon abonnement à la Villette: "Daddy... I've seen this piece 6 times before and I still don't know why they're hurting each other..." et je n'ai pas regretté!

Le principe de la pièce repose sur une série de saynètes partant du thème de l'Apartheid, et une concurrence entre danse Africaine,et danse classique... Drôle et efficace, la pièce, au fur et à mesure qu'elle se déroule, s'avère redoutable. Car rien n'est exactement ce qui semble être à prime abord. Les surtitres partent vite en vrille, et avouent que le texte étant improvisé ce sera du surtitrage "au petit bonheur". En fait, le surtitrage s'émancipe et devient une couche de texte supplémentaire à la pièce...

Mais le surtitrage n'est qu'un exemple parmi d'autre. La danseuse africaine en posture de top modèle, en deux temps et quelques gestes, se transforme en danseuse de revue exotique, banane sur la tête à l'appui. Et le spectacle lui-même est-il sur l'Afrique du Sud, à regarder confortablement depuis l'Europe? Où pose-t-il la question au spectateur de sa représentation d'un spectacle Africain? Ou encore, d'un spectacle et d'un public? Alors que le public est satisfait et rit à gorge déployée, 5 spectatrices s'insurgent et leur montrent sur scène ce qu'est la vraie danse: du hip-hop! Le conflit danse africaine vs danse classique qui paraissait si loin, et soudain remis au goût du contexte du spectateur.

Le jeu de transformation continue dans la bonne humeur, mais non sans quelques coup de poing de la sorte, pendant tous le spectacle, qui se termine avec la moitié de la salle qui danse. Eh oui, on n'est pas au théâtre de la ville. Je me demande comment ce spectacle y avait été accueilli il y a dix ans...