Les soirées "dans l'esprit de... " ou "en hommage à" sont souvent assez inégales, l'occasion pour certains artistes de caser des projets qu'ils avaient déjà élaborés, pour d'autres de faire du copier collé... Mais l'affiche était tentante, avec notamment deux chorégraphes assez connus dont je n'avais jamais eu l'occasion de voir le travail... et puis, le ballets russes ça attire du monde, c'est comme ça!

Premier tableau: Dyad 1909, Wayne Mc Gregor une gestuelle très néo classique, dans un décor fait de jeux de lumières et de formes très impressionnants. L'hommage est esthétique, la composition abstraite, et renvoyant au peu que je connais des pièces de la troupe (un moment un peu "sacre" notamment. Un léger reproche peut-être pour les vidéos parfois trop présentes pour bien regarder les danseurs, mais globalement la pièce d'une demi heure est bien construite, avec des moment émouvants intercalés dans un courant fluide...

Deuxième tableau: Afterlight, Russell Maliphant dans un hommage plus direct, Maliphant compose sur du Satie une chorégraphie qui commence comme une boîte à musique. Est-ce vraiment un hommage que de faire le rapprochement de cette danse avec un objet aussi dessuet? heureusement qu'au bout de quelques minutes de gestuelle très formelle, le danseur prend plus de vie, et livre une deuxième composition qui remplit plus l'espace, moins éthérée. Une sorte de faune revisitée entre vie et mélancolie.

Troisième tableau: Faun, Sidi Larbi Cherkaoui no comment, ou presque. Un faune à deux avec quelques moment involontairement drôles... et quelques beaux mouvements de corps à corps, comme il sait bien faire. Plus un pastiche qu'un hommage

Quatrième tableau: Eternal Damnation, Javier De Frutos Il paraît que les témoignages recueillis sur la première du sacre du printemps se contredisaient tellement le choc fut important et la salle scandalisée. De Frutos se félicite de pouvoir encore scandaliser le bourgeois aujourd'hui, et le fait de manière un peu facile mais pas gratuite. D'emblée, il oblige le spectateur à se positionner par rapport à sa pièce: prière, sexe, et surtout cet encens qui vient rejoindre le spectateur dans son fauteuil. La bronca ne se fait pas attendre, et on sent que le chorégraphe à l'expérience, puisqu'il n'abuse pas de ce stratagème, et passe à autre chose une fois les premiers spectateurs partis. Le procédé n'est pas subtil, et la thématique n'est pas cachée : un grand "amuse me" clignote au début et à la fin. La danse vire sans doute à la violence, mais le spectacle ne se referme pas sur une théorie. Un tyran est clairement sur scène, mais le spectateur n'est pas loin, accusé lui même de demander cet amusement, et pourtant, en cousant tout ceci de fil blanc, le chorégraphe ne s'épargne pas non plus cette accusation. C'est tout à son honneur. Peut-être que ce n'était pas la plus réussie des 4 pièces de la soirée, mais à mon sens c'était la plus intéressante.