23 décembre 2015

Lettre ouverte à M. François Hollande

J’avais tout juste dix huit ans lorsque je suis arrivé, il y a dix-huit ans, en France. 2015 marque justement l’année où j’aurai passé plus de la moitié de ma vie en France. Cela fait dix ans que je travaille et paie mes impôts ici, six ans que je vote. Je n’ai d’ailleurs jamais voté ailleurs qu’en France. Je pourrais m’attarder plus longtemps sur mon parcours personnel, parler de maîtrise de la langue, de partage de références culturelles, mais ce ne serait qu’entrer à mon tour dans cette mécanique absurde dans laquelle certains pensent pouvoir prouver qu’ils sont plus français que d’autres. Non, mon parcours personnel n’est pas le sujet. Il explique simplement pourquoi aujourd’hui, en tant que binational, je me sens visé par vos propos et vos actes.

On aurait pu se réjouir si vos propos avait été suivi d’actes, pour tant de promesses oubliées, de rendez vous ratés. Tenez par exemple la PMA, qui devait faire l’objet d’un examen lors de la fameuse loi famille, et que vous avez enterré, et avec en même temps les espoirs de couples lesbiens qui n’ont plus l’âge d’attendre celui ou celle qui aura plus de courage pour mener jusqu’au bout les réformes espérées.

Aujourd’hui pourtant, vous avez décidé de ne pas reculer, malgré les réserves du Conseil d’Etat. Ne pas reculer, mais pour appliquer quoi ? La déchéance de nationalité pour le binationaux qui commettrait des actes portant atteinte à la nation. Est-ce vraiment la mesure emblématique qui mérite votre regain de courage ? Est-ce que vous croyez sincèrement en sa pertinence ? Vous vous imaginez les kamikazes du 13 Novembre renoncer à leurs actes de peur de ne plus avoir accès aux indemnités chômage ou à la sécurité sociale à cause d’un arrêté de reconduite à la frontière ? Si c’est le cas, autant vous prévenir que non… Et ce n’est pas la peine non plus de rétablir la peine de mort !

Oh oui, je sais, c’est trop facile de caricaturer comme ça… mais je n’ose pas croire que c’est une mesure que vous défendez si ardemment à cause de son côté symbolique. Non, pas vous. Parce que c’est quoi la symbolique de cette mesure ? C’est celle d’instituer qu’il y a deux types de français ? Ceux qui sont purs, et ceux qui ne le sont pas ? Ceux qui ne défendent et ne jurent que par la France et ceux qui seront toujours entachés d’une suspicion de collusion avec un autre pays, d’une fidélité plus forte à d’autres origines… N’est-ce pas contraire à l’esprit même du premier article du préambule de la Constitution, vous savez : "Les Hommes naissent et demeurent…" ? Vous connaissez la suite, je n’en doute pas, mais avez tant fait mine de l’oublier, en particulier ces dernières semaines.

La symbolique ne s’arrête malheureusement pas là. Elle laisse croire que l’ennemi ne vient que de l’étranger. Qu’il est un Autre qui attaque sur un coup de tête, nous dédouanant de toute responsabilité et même de toute relation avec celui qui a commis les actes. Cette symbolique, c’est celle de la Fée Carabosse détruisant le palais de beurre frais de nous autres gentilles Dames Tartine. C’est une histoire qu’on raconte aux enfants, pas aux adultes, pas aux Français.

C’est une histoire qui rejette la faute à l’autre pays, alors que vous serrez toujours la main à son dirigeant. D’ailleurs que ferait l’autre pays, du terroriste binational dont la France souhaitera se débarrasser ? Pourquoi en voudrait-il lui ? Tiens, prenez moi par exemple : en quoi le Liban pourrait-il être plus responsable de mes actes aujourd’hui que la France où je vis depuis plus la moitié de ma vie. Votre histoire, elle est à dormir debout. Elle est même à ne pas dormir du tout. Il y a deux jours, je me suis réveillé en pleine nuit ; j’avais rêvé que j’hurlais au Président de la République, qui passait en scooter : "L’Etat d’urgence c’est Nul ! Nous voulons conserver nos droits !"

Je vous en prie, arrêtez donc de raconter des histoires aux Français. Les autres le font tant déjà, et avec plus de succès que vous. Arrêtez d’aller chercher les électeurs du Front National en créant des mesures, et pensez plutôt à ceux qui ont voté pour vous. A force d’aller les chercher, la droite et la gauche se sont toutes deux retrouvées dans le terrain de l’extrême droite. Arrêtez de croire que vous êtes élus par les sondages plutôt que par le vote. Vous aviez un programme, des promesses : il vous reste à peine plus d’un an pour nous convaincre qu’on n’a pas voté pour rien.

11 décembre 2015

Le retour des gâteaux d'or

Ce blog à l’abandon persiste à avoir quelques soubresauts… Cette fois, c’est parce que je n’ai pas eu le temps de voter sur le site des Inrocks, pas plus que je n’ai pris le temps de rédiger quelques lignes, sur les meilleurs et les pires spectacles et concerts de l’année (c’est un peu tard pour  […]

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22 mai 2015

Für Pina

Ce blog aura eu le temps de naître et de mourir entre deux fois où j'ai vu "Für de Kinder", pièce de 2002 de Pina Bausch... J'avais un vieux souvenir de l'avoir trouvé, lors de son passage en 2003 à Paris, moins bon que ceux que j'avais vu avant, et j'avais hésité à y aller, me disant  […]

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21 avril 2014

Comment mon copain a hué Cécilia Bartoli

C'est qu'on avait pris nos billets un an à l'avance, après les différents abonnements qui avaient fini d'achever ce qui restait sur nos compte en banques, et qu'à ce moment, on n'a pas d'autre choix que de radiner, et de se dire "l'important c'est surtout d'écouter", et de prendre une  […]

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19 octobre 2013

saison 2012-13

Moi qui ai l'habitude de prendre ses billets un an à l'avance, je vais tenter de faire l'exercice inverse pour compenser ma paresse sur l'année dernière et tenter de regarder l'année par le rétroviseur. Oui, oui, c'est un peu comme les gâteaux d'or (1 et 2), mais bon, là, c'est juste pour parler de  […]

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31 octobre 2012

Il est beau mon régiment, il est beau!

On y allait surtout pour Dame Felicity Lott. On est parfois comme ça, on va se taper 3 heures d'une musique qu'on connait pas ou peu (Donizetti), dans un cast plein de stars que les gens se bousculent pour voir (et écouter!), afin de voir une grande Dame dans un petit rôle… Mais on n'a pas été  […]

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15 octobre 2012

Disabled Theater

Le Théâtre Hora a présenté, à Avignon l'été dernier et au Centre Pompidou la semaine dernière entre autres, une pièce avec ses onze acteurs, sur un concept de Jérôme Bel. Dans la lignée de Véronique Doisneau, Pichet Klunchun and Myself, ou Cédric Andrieux, les onze acteurs montrent et racontent une  […]

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13 octobre 2012

Clause de conscience, mon cul!

Alors que la France se décide enfin à ne plus empêcher certains couples de se marier, au motif du sexe respectifs des marié(e)s, les journalistes s'amusent à papillonner autour de ces pauvres élus qui pourraient être contraints, d'aller à l'encontre de leur convictions personnelles, et devoir marier  […]

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